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Une grande première dans les bouches du Rhône

vendredi 28 avril 2006, par Michèle Drechsler

Une épopée qui commence en 1998 et qui se concrétise enfin en décembre 2005

Flash-back

En 1998, en cette année-là, la jeune société française MandrakeSoft venait de sortir sa Mandrake 7. Une évolution très importante pour GNU/Linux : c’était la première fois qu’une installation se déroulait complètement en mode graphique et que l’on se préoccupait autant d’ergonomie et de convivialité.

Je savais que le directeur de l’école primaire du village, où était mon fils, s’intéressait àl’informatique et ses outils. J’allais donc le voir pour lui suggérer qu’il serait peut-être opportun d’essayer un autre système et d’autres logiciels que ceux que l’on utilisait de façon généralisée, déjà. Je lui présentais aussi les principes des logiciels libres. Son accueil fut très favorable : il était intéressé et voulait essayer. Bref, je lui fournissais plusieurs CD, lui prodiguais quelques conseils et, surtout, nous nous sommes revus plusieurs fois. Les discussions étaient toujours intéressantes. En fin d’année, il décidait, malheureusement de mon point de vue, d’abandonner le projet, estimant alors qu’il n’était pas réalisable, essentiellement pour des raisons techniques. Je le regrettais. Dommage, et exit donc les logiciels libres àSimiane.

Par la suite, l’équipement informatique de l’école devenait « Â un peu juste  » de par l’absence de nouvelle dotation. Qui plus est, en 2002, la fin des emplois jeunes, qui constituaient une aide précieuse pour l’équipe pédagogique, ne permettait plus l’organisation d’ateliers par demi-groupes. Au total, ces dernières années, l’utilisation de l’outil informatique (B2i) dans cette école s’était progressivement réduite àpeu de choses.

C’est dans ce contexte qu’une rencontre plutôt fortuite, au forum des associations de Simiane en septembre 2004, est venue déclencher ce qui devait être la mise en place de la première solution pédagogique entièrement libre dans une école primaire des Bouches-du-Rhône. Je proposais lors de cette manifestation une activité « Â logiciels libres  » sur le stand d’une association locale. La discussion que j’ai alors eue avec une institutrice de l’école aura servi de déclencheur.

Martine, convaincue des intérêts pédagogiques, éthiques, politiques et économiques des solutions libres, a parlé d’un projet naissant àl’équipe enseignante. Accueil favorable. Je prenais alors contact avec Thierry Benita, de la société AtReal, représentant d’AbulEdu dans notre région. Nous avons convenu avec Thierry de l’importance d’une solution « Â professionnelle  » pour ce type de projet. Nous avons donc organisé àla fin de l’année 2004 une présentation àl’équipe pédagogique. D’évidence, les instituteurs s’étaient déjàforgé pour la plupart une opinion sur le sujet, plutôt positive. Il est juste de souligner l’appui qu’ils ont eu dès le début en la personne de leur directeur actuel, et qui ne s’est démenti àaucun moment.

Leur décision n’a pas tardé. En mars, Martine et Jean, son époux, sont venus se convaincre, s’il en était besoin, de la pertinence de leur choix aux Rencontres de l’ORME2, àMarseille, où ils ont pu assister àune démonstration personnalisée de la solution AbulEdu sur le stand tenu par l’AXUL3. Et peu de temps après, le programme d’action était prêt. La solution retenue était « Â budgetisée  » : ce serait une opération auto-financée, grâce àla kermesse de fin d’année. Entre-temps, le projet avait été présenté aux représentants des parents d’élèves et aux représentants de la mairie. Malgré quelques réticences, la « Â pilule  » est passée ! La mairie a été sollicitée pour la restauration d’une salle inutilisée, ainsi que pour le projet dans son ensemble. Elle a donné son accord pour les travaux d’aménagement et cette transformation s’est faite durant l’été 2005, pour aboutir àune superbe salle de travaux pratiques, prévue pour vingt postes, parfaitement équipée. En revanche, elle n’a pas donné suite àune demande d’achat d’ordinateurs, mais a négocié, et obtenu quelque temps plus tard dix-neuf ordinateurs, offerts par le collège voisin de Bouc-Bel-Air (Madame le Maire de Simiane y était alors enseignante). Il s’agissait d’ordinateurs de quatre ou cinq ans d’âge (Pentium 400 Mhz), relativement dépassés sous environnements Microsoft, mais parfaitement adaptés en tant que terminaux X sous Linux.

L’acquisition de la solution elle-même (serveur AbulEdu + logiciel, fournis par la société RyXeo) représentait, pour vingt-cinq postes, un coà»t non négligeable de plus de 6000 euros. Il faut souligner ici la détermination de l’équipe d’enseignants qui entendaient bien, avec ou sans aide, aller au bout de leur projet.

Un entretien, que j’ai voulu « Â pédagogique  », avec Madame le Maire aura suffit àla convaincre de sa participation financière au projet. Le 9 décembre 2005, le serveur était livré et installé par les sociétés AtReal et Ryxeo, fournisseur d’AbulEdu.

Les instituteurs et professeurs des écoles sont désormais formés aux outils qui vont leur permettre de s’approprier cette infrastructure et vont acquérir sans doute très rapidement l’autonomie nécessaire àla maîtrise de leurs outils pédagogiques. La solution retenue va leur permettre de travailler en collaboration avec des dizaines d’autres écoles en France, déjàutilisatrices de cette solution, selon le modèle de développement du logiciel libre et ce, dès la rentrée de janvier 2006.

Moralité de l’histoire : 7 années d’efforts et de négociation !!!

"Chacun de nous peut représenter une différence réelle et substantielle sur cette planète. En vous engageant personnellement dans une quète de la conscience, vous assumerez vraiment un rôle marquant dans la transformation du monde. La tenacité est une des qualités indispensables pour réussir dans la vie, quel que soit le but àatteindre." John Rockefeller

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